

En commençant la photo, je me suis vite dirigé vers le nu pour chercher la beauté sans forcément devoir y mettre un visage. On m’a contacté en me disant: « j’ai du mal avec l’image que j’ai de moi, ça m’aidera peut-être… ». Avant de me lancer, je l’ai testé avec moi même. Et c’est vrai, ça m’a aidé à poser un autre regard sur moi. S’est alors immiscé petit à petit (très petit à petit) cette envie, ce besoin même, de chercher d’autres beautés, celles qu’on ne voit pas de suite. Celles qu’on rejette même… Je me suis dit que j’allais photographier des vieux, parce que leur rides racontent beaucoup, parce que dans leurs corps que les années ont marqué, on peut y voir une beauté nostalgique, une beauté qui ne cesse de muer. Mais c’était sans compter sur ma timidité et sur mon malaise à dire à quelqu’un: vous êtes vieille ou vieux, marqué(e), mais vous êtes beau, est-ce que je peux vous shooter? J’ai laissé ça de côté… Jusqu’au jour où comme à mon habitude j’ai pris tout mon temps pour regarder une fleur, de celles qu’on dit belles, en pleine fleur de l’âge. À côté d’elle, la même, en fin de vie. J’ai encore pris plus de temps à la regarder et c’est là qu’elle s’est révélée et que j’ai pu voir ses lignes nouvelles, ses couleurs passées mais encore fortes, ses aspérités. Je l’ai cherchée sa beauté et je l’ai trouvée!
Depuis, j’ai des bouquets de fleurs fanées partout dans laMaisonnette, et je les trouve d’une beauté folle, jusqu’à ne plus pouvoir les jeter.
Depuis la beauté (l’autre, pas celle glacée et stéréotypée des magazines) je ne la cherche plus, elle s’impose d’elle-même, et le monde est bien plus joli.
Les Tréfanées ont été exposées au restaurant Le Kilomètre à La Borne en 2018.
La sortie du livre Les Tréfanées est prévue pour fin 2020 et sera enrichi des poèmes de Joia Rath et désigné par Steven Oost.
